Réduire l’usage des produits phytosanitaires est devenu un enjeu fort pour l’agriculture. Protéger l’environnement, améliorer la santé des sols, préserver la biodiversité… autant de défis auxquels le secteur agricole doit faire face. Pour avancer dans cette transition, l’État a mis en place un outil incitatif : les CEPP (Certificats d’Économie de Produits Phytosanitaires). Si ce terme ne vous parle pas encore, on vous en dit plus dans cet article 👇
CEPP : de quoi parle-t-on exactement ?
Lancé en 2017 dans le cadre du plan Écophyto, le dispositif des CEPP vise à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture — sans passer par des interdictions directes.
L’idée : promouvoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement, tout en accompagnant les agriculteurs dans leur transition. Et pour ça, ce sont les distributeurs de produits phytosanitaires (coopératives, négoces…) qui sont en première ligne.
Chaque année, ces distributeurs doivent atteindre un quota de certificats. Concrètement, ils doivent prouver qu’ils ont mis en place des actions efficaces qui permettent de réduire l’usage des produits. Et plus un distributeur vend de produits, plus son quota est élevé.
Le dispositif mise sur une logique de transition progressive, en valorisant les solutions alternatives auprès des agriculteurs. Ces derniers, bien qu’ils ne soient pas directement soumis à cette obligation, jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des actions sur le terrain. Ils doivent alors répondre à un double enjeu : réduire l’utilisation de produits tout en maintenant la performance des exploitations.
Comment ça fonctionne ?
Chaque action mise en place sur une exploitation peut donner droit à un certain nombre de certificats CEPP, à condition qu’elle permette effectivement de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Pour cela, les distributeurs doivent télédéclarer ces actions via une plateforme dédiée, en fournissant les preuves nécessaires.
La liste des actions éligibles est définie dans des fiches actions standardisées, élaborées et validées par une commission d’experts pilotée par l’INRAE. Ces fiches précisent les conditions de mise en œuvre, les justificatifs attendus, et la valeur en certificats selon l’action mise en place etc.
Des actions très concrètes
Nombreuses sont les actions établies dans le dispositif et chacune a été proposée par des acteurs du monde agricole. Par la suite, une commission indépendante évalue ces propositions qui peuvent demander plus ou moins de mise en place.
Parmi les actions les plus courantes :
- Semer des couverts végétaux pour limiter les adventices
- Utiliser des filets anti-insectes plutôt que de pulvériser de l’insecticide
- Introduire des variétés résistantes aux maladies
- Aider les exploitants à s’équiper d’outils d’aide à la décision (OAD) pour ajuster les traitements
Ces solutions permettent à la fois de réduire les intrants, de mieux cibler les interventions et de valoriser l’innovation dans les pratiques agricoles.
Distributeurs : service et innovation à la clé
Les distributeurs ont tout intérêt à respecter le dispositif : depuis décembre 2023, des sanctions financières sont prévues si le quota minimum (10 % des certificats requis) n’est pas atteint. Le caractère obligatoire du dispositif pousse donc à une évolution du métier. Moins de vente de produits, plus de services, de conseil et d’innovation. Diagnostic de parcelles, formations, essais de nouvelles techniques… le modèle évolue.
Quel impact pour l’agriculteur ?
Même s’il n’est pas directement soumis à l’obligation, l’agriculteur est au cœur du dispositif. C’est lui qui teste et met en œuvre les actions sur ses parcelles. En échange, il peut en tirer plusieurs bénéfices :
- Une baisse de la consommation de produits = des économies
- Des pratiques plus ciblées = moins de risques pour l’environnement et une réduction de l’indice de fréquence de traitement
- Une fertilité des sols et une biodiversité souvent améliorées
Avec l’appui de leur technicien ou conseiller, les agriculteurs peuvent évaluer les résultats et ajuster leurs pratiques au fil des saisons. En bref, une transition progressive pour gagner en durabilité.
Les OAD : un levier d’obtention de CEPP
Le dispositif CEPP évolue chaque année. Des nouvelles actions sont régulièrement ajoutées autour des différents secteurs : les biocontrôles (utilisation d’organismes vivants pour lutter contre les maladies), la robotique (pulvérisation ciblée etc.) et l’agriculture de précision (capteurs, météo, cartographie etc.)
Parmi les solutions reconnues, les Outils d’Aide à la Décision représentent un potentiel important, mais encore peu exploité. En 2023, seulement 8 % des actions CEPP concernent les OAD. Pourtant, ces outils permettent de mieux planifier les interventions et d’optimiser l’usage des produits selon la météo, la pression parasitaire ou les stades des cultures.
Un dispositif qui évolue
Le dispositif CEPP monte en puissance : plus de 16 millions de certificats obtenus sur la campagne 2022-2023, contre 3,8 millions en 2020. Parmi les actions les plus adoptées on retrouve :
- la diversification des cultures,
- le recours aux biocontrôles et à des variétés résistantes
- le recours à des méthodes alternatives que ce soit en termes d’équipement ou de produits.
Bien plus qu’un système de points et de quotas, les CEPP permettent de promouvoir des pratiques agricoles durables. Le dispositif permet de valoriser les outils d’aide à la décision, d’accompagner les agriculteurs dans leur transition agroécologique et de favoriser l’innovation dans les conseils et services techniques.
Vous êtes distributeur, technicien ou agriculteur et vous souhaitez en savoir plus ? Parlez-en autour de vous ou rendez-vous sur la plateforme CEPP pour découvrir les fiches actions et les démarches à suivre.
Source des éléments chiffrés : Bilan 2022-2023, Ministère de l’Agriculture, 27/03/2025